C’est à une soirée que j’ai rencontré un autre garçon. Il avait 19 ans et vivait seul. Après un moment, je l’ai de plus en plus côtoyé. Au début, on fumait un peu de cannabis. Une drogue douce... Assez rapidement, j’ai découvert qu'il prenait aussi des drogues dures : de l’héroïne. Un soir, je lui ai demandé si je pouvais aussi essayer. Après avoir dû beaucoup insister, il m’a donné ma première dose. Quelques jours plus tard suivait la deuxième. J’ai commencé à consommer de plus en plus fréquemment. Et très vite, je consommais un demi-gramme par jour. Je faisais tout pour ressentir cette sensation d’enivrement.
Jusqu’à ce que le sort frappe : mon ami s’est suicidé. Une overdose. Cela m’a beaucoup touché. Et m’a fait réfléchir à ce que je faisais moi-même. J’ai pris mon courage à deux mains et je suis allé trouver un bon ami d’avant ma « période héro ». Il était content de me voir. Nous avons parlé toute la nuit, parlé de tout ce qu’il s’était passé, de tout ce que j’avais fait. J’avais pris ma décision, j’allais arrêter l’héroïne, je voulais y arriver sans aide extérieure. Un jour cela marchait, 2 parfois, mais le 3e je rechutais. À chaque fois. J’ai commencé à me haïr profondément. J’ai commencé à me griffer. Je me sentais dépressif. Et j’ai essayé de me suicider. Je me suis alors retrouvé dans un institut. J’y ai trouvé le calme. Je me sentais accepté. Nous pouvions avoir de bonnes discussions les uns avec les autres, sur des problèmes qui effrayeraient la plupart des gens, et ce sans être jugé(e).
Petit à petit, j’ai repris le dessus. Après un mois, j’ai pu sortir. J’ai été déclaré assez stable. Je devais y retourner tous les deux jours pour un entretien. Mais cela allait mieux. Petit à petit, les choses ont repris leur cours. J’ai pu renouer avec d’anciens amis.
Parfois, j’ai encore du mal, mais j’ai des trucs. J’essaie de me changer les idées. Je fais aussi du sport, je m’épuise complètement physiquement et je m’endors très rapidement ensuite. Je me lève alors le matin et le monde est de nouveau plus positif à mes yeux.
Tout le monde sait qu’il n’y a pas de remède miracle, mais tout de même. Je suis à présent en couple et je continue à aller en thérapie chaque semaine. À l'école, tout le monde avait dit que je ne ferais rien de bon, mais je leur ai prouvé le contraire et j’ai terminé mes humanités avec 70 %. Je suis à présent en 2e baccalauréat et je travaille comme étudiant à la maison des jeunes. J’espère pouvoir travailler dans le secteur de l’aide à la jeunesse.